Data centers : une filière déjà responsable, des leviers encore activables
Souvent critiqués pour leur consommation énergétique ou hydrique, et leur impact environnemental global, les data centers n’en restent pas moins un des piliers du numérique. Depuis plusieurs années pourtant, les professionnels de la filière s’engagent, souvent au-delà de la réglementation, pour progresser sur les plans environnemental, social et sociétal, et pour concilier performance et RSE.
RSE et data centers : une prise de conscience déjà ancienne
Bien que souvent critiqué, le développement du numérique et de ses infrastructures ne cesse de progresser. Les équipementiers et exploitants de data centers ont une responsabilité partagée : construire une filière durable. Au même titre que les utilisateurs, qui doivent quant à eux privilégier un usage raisonné des services numériques.
En matière de RSE, la filière des data centers a atteint aujourd’hui une certaine maturité et la très grande majorité des data centers adopte aujourd’hui une approche responsable :
- Optimisation énergétique « by design » qui repose sur la maîtrise et la réduction du PUE (Power Usage Effectiveness).
- Gestion de chantier durable, incluant la prise en compte de la prévention des pollutions mais aussi et surtout des nuisances pour la biodiversité ou les riverains.
- Exploitation des data centers, menée conformément aux normes ISO 50001 et ISO 14001, dans une démarche d’amélioration continue des performances environnementales et énergétiques.
- Application de principes d’économie circulaire, notamment par l’utilisation, lorsque cela est possible, de matériels reconditionnés, qu’il s’agisse d’équipements IT ou techniques, tels que des onduleurs par exemple.
La dynamique positive du secteur dépasse largement la seule dimension environnementale. Si la filière constitue bien sûr un pilier de l’économie numérique, elle génère également une diversité importante d’emplois – de l’ingénierie au BTP en passant par la maintenance – et contribue directement aux enjeux de souveraineté numérique.
Bonnes pratiques RSE : des efforts continus
Énergie et environnement
La dimension environnementale, première préoccupation historique des acteurs de la filière, demeure un axe majeur sur lequel ils continuent de renforcer leurs engagements.
En matière de gaz à effet de serre (GES), les data centers s’inscrivent dans des trajectoires « bas carbone » ambitieuses, alignées sur la Science Based Targets initiative (SBTi) et le European Climate Neutral Data Center Pact. La réalisation systématique de bilans carbone et d’analyses de cycle de vie tend à devenir un standard, portée par des certifications exigeantes telles que BREEAM et LEED, vers lesquelles convergent de plus en plus les acteurs du secteur.
La préservation de la ressource en eau constitue un autre axe prioritaire : les acteurs limitent, voire suppriment, la consommation d’eau pour le refroidissement, en recourant à des solutions alternatives, telles que le free cooling par exemple. Une certaine latence persiste toutefois, en raison de la durée de vie relativement longue (plusieurs décennies) des data centers, ce qui ne permet pas toujours de déployer immédiatement les dernières innovations technologiques, notamment en matière de refroidissement.
Quant à la valorisation de la chaleur fatale, si l’étude de son potentiel est souvent obligatoire, notamment pour les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) ou lors de demandes d’agrément, sa mise en œuvre dépend de la faisabilité technique et économique. C’est pourquoi la proximité d’un réseau de chaleur existant constitue désormais l’un des critères de choix d’un terrain d’implantation d’un futur data center, afin de permettre le chauffage d’infrastructures locales telles que les logements, équipements publics ou piscines municipales.
Social
La filière offre une grande diversité de métiers, de l’ingénierie à l’exploitation, en passant par la maintenance, la construction et les fonctions support. Le nombre d’emplois continue de progresser, porté par l’essor de l’économie numérique et l’ancrage territorial des infrastructures. Dans ce contexte, près de 20 000 emplois devraient être créés en France d’ici 2030, stimulés par le développement de l’intelligence artificielle et les enjeux croissants de souveraineté des données.
La formation et l’insertion professionnelle représentent toutefois un défi majeur partagé par l’ensemble des acteurs, qui développent des initiatives pour attirer, former et fidéliser les talents. Des initiatives innovantes renforcent l’attractivité du secteur : en France, le programme de réinsertion « Les Plombiers du Numérique », soutenu par France Datacenter, propose par exemple des formations dédiées aux jeunes en insertion professionnelle afin de leur permettre d’intégrer rapidement les métiers du data center.
Gouvernance et éthique
Les acteurs des data centers renforcent leurs engagements en matière d’éthique et de gouvernance, par l’adoption de pratiques fondées sur la transparence, la conformité réglementaire (dont le RGPD), la lutte contre la corruption et la gestion des risques. Des politiques d’achats responsables et une vigilance accrue sur la chaîne d’approvisionnement complètent ces dispositifs. Ces exigences répondent à la fois aux attentes des clients en matière de sécurité, de qualité de service et de confiance, et au rôle croissant des data centers comme infrastructures essentielles pour garantir l’accès au numérique. La filière intègre enfin les enjeux de souveraineté numérique, en veillant à la protection des données et au maintien d’infrastructures stratégiques sur le territoire.
Sociétal
Face aux questionnements souvent nombreux des populations locales lors de projets d’implantation, la filière doit anticiper une intégration harmonieuse, respectueuse des riverains et de la biodiversité locale. Ce qui passe par des études d’impact approfondies, la mise en place de mesures d’atténuation, mais aussi par un dialogue précoce avec les parties prenantes, en particulier les collectivités territoriales.
La filière doit également faire preuve de pédagogie pour instaurer transparence et confiance. Il s’agit de démystifier ces infrastructures auprès du grand public en expliquant leur rôle essentiel dans le bon fonctionnement de nos services numériques quotidiens.
Dans cette optique, France Datacenter met à disposition du public plusieurs ressources clés, telles que l’EUDCA (European Data Center Overview), qui expose les enjeux du secteur et les réponses concrètes des acteurs européens, ou encore « Questions, affirmations et réalités sur les datacenters », conçu pour déconstruire les idées reçues et mieux informer le grand public.
Data centers : des défis RSE encore à relever
Si les engagements déjà pris témoignent d’une volonté certaine de la filière de s’inscrire dans la durabilité, cette démarche doit se poursuivre.
- Anticiper les impacts du changement climatique. Multiplication des canicules, sécheresses, risques amplifiés (inondations, tempêtes…) : comment gérer la continuité de service dans des contextes incertains, avec des data centers dont la durée de vie peut atteindre 30 à 40 ans ? Une analyse approfondie des risques à long terme, notamment concernant la fiabilité des réseaux électriques et la mise en place de solutions renforcées pour faire face aux événements climatiques extrêmes.
- Innover tout en restant compétitif et en garantissant la continuité d’activité. Concevoir des data centers plus durables implique souvent de mettre en œuvre des technologies ou solutions encore peu éprouvées, ce qui introduit un certain niveau de risque pour les opérateurs comme pour les clients. D’où la nécessité de mener des POC (Proof of Concept) pour valider la fiabilité, la performance et l’intégration de ces innovations avant tout déploiement à grande échelle. Si ces approches peuvent générer des coûts initiaux plus élevés, elles permettent aussi d’accélérer l’adoption de solutions vertueuses, à condition d’embarquer l’ensemble des parties prenantes, y compris les assureurs, afin de faire évoluer les modèles économiques et les couvertures assurantielles.
- Conserver et faire évoluer les data centers existants. En raison de leur durée de vie, les data centers ne peuvent pas toujours intégrer immédiatement les dernières innovations technologiques, notamment en matière de refroidissement. Cette latence structurelle crée un décalage entre le rythme d’innovation du secteur et la capacité réelle des infrastructures à l’adopter. Dans ce contexte, engager une démarche de retrofit (rénovation, optimisation et modernisation), chaque fois que cela est possible et pertinent, constitue une stratégie à privilégier. Cette approche permet non seulement de réduire l’impact environnemental des installations existantes, mais aussi de valoriser le patrimoine immobilier déjà présent sur les territoires.
- Renforcer le développement des compétences et la féminisation du secteur. Il s’agit notamment de travailler à la découverte du secteur et de ses nombreux métiers auprès des plus jeunes générations, dès l’école primaire. Mais aussi de faire adhérer le grand public en mettant en lumière le lien indissociable entre infrastructures et usages numériques du quotidien, ainsi que l’engagement précoce du secteur en matière de RSE.
Les data centers assurent la continuité de service des services numériques. À ce titre, et face aux défis de demain, il est nécessaire de mobiliser l’ensemble de l’écosystème (opérateurs, équipementiers, clients, territoires, écoles) pour avancer dans une logique partenariale et trouver des solutions collectivement.

















