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Publié le 26 février 2020 Dans la rubrique Numérique responsable

Eco-conception des services numériques : bilan du programme GreenConcept

Pourquoi parle-t-on autant de pollution du service numérique ?
Selon une enquête réalisée par Ipsos/Sopra-Steria, l'environnement est la première préoccupation des français. C’est donc naturellement que l’opinion publique et les entreprises se sont davantage intéressés à l’impact du secteur numérique.

Il faut savoir que l’ensemble du secteur numérique est responsable de 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Ce secteur repose en partie sur l’industrie électronique, qui est une des plus gourmandes par unité de production : en énergie, matières premières, métaux rares, eau, etc. Tous ces éléments sont à l’origine de nombreux impacts environnementaux et sociaux tout au long de la chaîne de production. A titre d’exemple, pour fabriquer un ordinateur portable, il faut 700 kg de matières premières et pour un smartphone 200 kg.

Que peut-on faire pour réduire cette pollution ?

Pour lutter contre la pollution numérique, la première arme consiste à éco-concevoir les services numériques. L’éco-conception, c’est l’intégration des enjeux environnementaux dans la conception ou la reconception d’un produit ou d’un service, afin qu’ils consomment moins de matière, moins d’énergie et produisent moins de déchets. L’avantage de l’écoconception est que cette approche est normalisée par des standards ISO 14062 et repose sur une méthode de mesure des impacts sur l’environnement elle-même normalisée par l’ISO 14040 et l’ISO 14044, l’analyse de cycle de vie[1]. 

Concrètement, cela se traduit comment sur le terrain ?

Concrètement, il s’agit d’identifier les différentes composantes d’un produit ou service afin de mesurer le poids de chacune d’elle en termes d’émissions de gaz à effet de serre, de consommation d’eau, d’énergie et de ressources rares, et de le réduire en optimisant son design et son fonctionnement.

L’opération GreenConcept représente un bon exemple de la mise en œuvre pratique de l’écoconception de services numériques. En 2016, la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Occitanie a lancé ce programme, soutenu par l’ADEME et la Région. Cette initiative avait pour objectif d’accompagner 30 entreprises régionales dans l’écoconception de leurs produits et services numériques.

Pour réaliser ce projet, 3 bureaux d’études, Neutreo by APL, LCIE et GreenIT.fr se sont regroupés et ont associé leurs expertises pour développer conjointement une méthode d’analyse de cycle de vie simplifiée, facilement applicable aux services numériques de tous types. Les entreprises, qui représentent un panel très large de secteurs d’activité (industrie, santé, éducation, communication, agriculture, transports, bâtiment, service), ont bénéficié chacune de 7 jours d’accompagnement pour améliorer les impacts environnementaux d’un de leurs produits ou services numériques.  

Trois ans après son lancement, quels sont les résultats de l’opération GreenConcept ?

Le bilan de cette opération est plus que positif : 28 entreprises ont été accompagnées pour éco-concevoir leur service numérique avec la même méthode, les mêmes règles et indicateurs.

En moyenne sur l’ensemble des 28 projets, la réduction des impacts environnementaux a été de plus de 60%, c’est-à-dire que pour un même service rendu, il est possible en moyenne de diviser par 3 les ressources mobilisées.

Moyenne de réduction des impacts environnementaux du programme GreenConcept

 

Cinquante bonnes pratiques d’éco-conception ont été identifiées et sont présentées dans le livre blanc que nous venons de publier  Livre blanc GreenConcept 2020

Les principales conclusions des analyses de cycle de vie réalisées montrent que :

  • La première source d’impact environnemental se situe au niveau des terminaux, essentiellement sur la phase de fabrication qui concentre entre 30% et 60% des impacts environnementaux selon les indicateurs.
  • La partie data center/cloud représente entre 30 et 45% des impacts environnementaux.

Les entreprises participant à GreenConcept ont également pu constater d’autres gains liés à la mise en place de cette démarche environnementale, tels que le renforcement de leur compétitivité et une meilleure visibilité (obtention de prix, levée de fond), etc.

Il est important que noter que les plus gros leviers de réduction de la pollution numérique se situent au niveau de la définition du modèle économique du services numérique, intégrer l’économie de la fonctionnalité dès la conception est un axe fort pour le développement d’un numérique responsable.

Quelles sont les limites de l’éco-conception ?

GreenConcept a permis de mesurer le potentiel offert par l’éco-conception, cependant, il convient de garder à l’esprit deux limites à cette démarche :

  • D’une part, on peut souvent constater un « effet rebond » associé à la libération de ressources offerte par l’écoconception. Il faut donc bien s’assurer que l’économie de fonctionnalités n’engendre pas une surconsommation.
  • D’autre part, l’éco-conception est un des leviers pour lutter contre l’empreinte environnementale du numérique, il en existe d’autres, notamment sensibiliser à la sobriété numérique.

Quelles sont les prochaines étapes pour APL ?

Pour donner suite à l’opération GreenConcept, nous avons tous souhaité aller plus loin dans le développement d’une base de données robuste et d’une méthode d’évaluation des impacts environnementaux des services numériques. C’est pourquoi nous avons monté le projet de recherche et développement NégaOctet, lauréat de l’appel à projets « Perfecto » lancé par l’ADEME.

L’ambition de NégaOctet est de proposer une méthode standardisée, (faisant l’objet d’une validation par des experts externes au projet) pour mesurer les impacts environnementaux des services numériques : streaming, jeux en ligne, application métiers, blockchain, big data, outils collaboratifs… car pour pouvoir s’améliorer et proposer d’autres actions concrètes, la première étape réside dans la mesure objective et transparente de son impact.

[1] Analyse des impacts environnements associés à l’ensemble du cycle de vie d’un produit ou service.

 

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